Hier soir, nous étions six sur la place d’armes.
Nous avions mal choisi le moment parait-il,
les prêtres chantaient Michel Sardou au Galaxie d’Amnéville.
Nous, nous n’avons pas chanté ni lu de texte,
mais néanmoins nos chandelles étaient allumées et de notre sono montait
vers le Ciel l’Ave Maria de Schubert.
Nous devisions dans la douceur inhabituelle
de ce soir d’octobre. Des passants venaient nous demander la raison de
notre présence. Ce soir-là, j’avais fait des tracts sur le mouvement
des Veilleurs que nous pouvions leur distribuer.
Même réduite à sa plus simple expression,
une Veillée demeure une présence, sème des graines au hasard des vents.
Une femme sortant d’un groupe de touristes
étrangers nous a demandé si nous vendions des CD de musique.
Trois jeunes
gens visiblement en désaccord ont néanmoins poliment échangé avec nous
durant quelque temps.
Un monsieur enthousiaste et son épouse ont dit qu’ils
nous rejoindraient à la prochaine veillée...
Nous n’étions que six et je repensais à l’interrogation
de cette jeune fille.
Pourquoi nous bloquer de cette façon ? Pourquoi ne
pas accepter que des gens s’aiment et aient des enfants, indépendamment
de leur orientation sexuelle ? Après tout la loi Taubira est passée et
finalement la société parait ne pas s’y mal s’en accommoder.
Peut-être que ce raisonnement infuse même
dans notre camp. Peut-être que beaucoup parmi nous pensent que les veillées
ne servent plus à grand-chose.
C’est dommage, car d’après certaines sources,
il parait que notre action suscite quelque émoi dans les strates du pouvoir
local ou national (pour ce qui est de la Manif pour Tous, on a bien vu
Manuel Valls, comme pris de panique deux jours avant le 5 octobre, jurer
subitement ses grand dieux qu’il n’y aurait jamais de PMA en France).
De la pénombre des loges, on nous observe et on s’éponge fiévreusement
le front.
Nous n’en sommes pas forcément conscients mais notre rassemblement
désintéressé (nous ne revendiquons rien de matériel, contrairement aux
autres, et on ne peut nous acheter) est un grain de sable dans leurs
mécanismes bien huilés de lobotomisation des masses.
Malgré toutes les
propagandes menées, malgré tous les soporifiques déversés, les Veilleurs
tiennent bon et bravent l’opinion instillée à la masse.
Pourquoi continuer le combat ? Parce que notre
décadence est une chute sans fin.
Prenons un peu de recul. Il y a quelques années
on nous proposait que les homosexuels puissent s’unir via un PACS en nous
promettant qu’il ne serait jamais question de mariage. Ensuite on a tout
de même fait le mariage homosexuel, mais en nous promettant cette fois
qu’il ne déboucherait pas sur le « droit à l’enfant ». Et aujourd’hui
nous y sommes…
« Mais ce n’est pas grave, acceptez juste
cela et c’est fini » répondait la jeune fille avec qui je discutais.
Ça n’est pas vrai, ce n’est pas fini, une
pierre qui roule ne s’arrête pas seule au milieu de la pente.
Peut-être d’ailleurs, dans notre milieu,
certains ont-ils tort de se contenter de réclamer le retour au stade antérieur
de décadence. Peut-être gagnerions-nous en force et en cohérence à plaider
pour une pleine restauration de la société.
Les prochaines étapes, nos yeux les voient
peu à peu se dessiner dans l’ombre, au fur et à mesure de notre descente.
En Allemagne, le Conseil d'éthique vient de
proposer de dépénaliser l'inceste entre frère et sœur.
Jamais l’opinion
publique française n’acceptera cela dîtes-vous ? Il suffit pourtant de
remonter le temps pour constater sa remarquable plasticité. Lors du combat
contre le PACS, même les plus à gauche assuraient qu’ils étaient contre
le mariage homosexuel, ainsi du journaliste Laurent Ruquier qui a aujourd’hui
changé d’opinion.
Jusqu’en 1982, l’homosexualité était considérée comme
un délit par la République. Aujourd’hui cette même République se condamnerait
pour homophobie.
Mais il suffit de s’attarder sur l’horreur
de la GPA
De plus en plus, des personnes fortunées et pénétrées du droit
d’avoir un enfant, vont faire leurs courses sur internet. Des docteurs
Folamour leur y proposent les meilleures ovules et embryons soigneusement
sélectionnés. Plus d’enfants handicapés certes, principalement de mignons
blondinets aux yeux bleus, porteurs des meilleurs gènes et ne présentant
heureusement aucun trait commun avec la pauvresse indienne qui les portera
neuf mois durant. Cloitrée dans une clinique spécialisée, celle-ci est
renvoyée dans son bidonville aussitôt après l’accouchement et remise de
la marchandise, une poignée de billets serrée dans sa main.
Eugénisme et
esclavage, voilà les nouvelles mamelles du progrès républicain en marche.
« Qu’importe, si ces enfants grandissent
dans un foyer stable » rétorqueront certains.
Un foyer qui, à l’avenir, pourra aussi bien
compter trois ou quatre parents. Car soyons lucides, le nombre traditionnel
de deux parents est uniquement lié à la complémentarité de l’homme et
de la femme. Quand de riches résidents du Marais décideront d’agrémenter
leur communauté de bambins de compagnie, soyez certains qu’ils ne s’embarrasseront
pas de ce genre de détails obsolètes et que la loi légalisera tôt ou tard
ces états de fait.
L’euthanasie est une autre étape importante.
Comment peut-on dénier à quelqu’un le droit de mourir dans la dignité,
nous clame-t-on ? Effectivement, il est plus facile de faire mourir que
de faire vivre dans la dignité. « Mais la loi n’autorisera cela que dans
des cas exceptionnels de détresse et de gravité » assure-t-on.
On connait la chanson. L’avortement aussi
devait être exceptionnel, et chaque année ce sont plus de 200 000 enfants
qui sont sacrifiés sur l’autel du droit de la femme à disposer de son
corps et aussi de la chose qui bouge dans son ventre. Cela dans l’indifférence
générale.
Gageons que l’indifférence sera aussi grande
lorsque qu’on seringuera à tour de bras dans les maisons de retraite.
N’ayez crainte, aucune trace de rébellion ne se lira dans les yeux tristes
de nos grands-mères. Depuis le temps elles ont bien compris que si elles
étaient dignes de mourir, elles ne l’étaient plus de vivre.
Après tout, nous-mêmes ne voulons plus de
nos anciens dans nos maisons, lesquels se retrouvent placés dans d’autres
qui coûtent fort cher. Et comme nous n’allons jamais les voir, c’est
vrai que c’est un peu de l’argent perdu.
A l’école, la confusion et l’insensibilité
sont travaillées au corps et à l’âme. En classe c’est la théorie du genre,
à la récréation ce sont les égouts d’internet en libre circulation.
De leurs smartphones greffés à la main, nos
enfants reçoivent et partagent leur dose régulière d’immondices.
Avant
même d’aborder les notions de mariage, de couple, d’amour, les voilà
fascinés par les images les plus crues et les plus violentes.
J’exagère ? Pourtant c’était le sujet du
dernier Envoyé Spécial qui, je crois, n’est pas plus extrémiste ni intégriste
que moi.
Il arrive au Media de mettre certaines réalités
sordides bien en face du public, de la même façon sans doute qu’on donne
des coups de pieds à un cadavre pour s’assurer qu’il ne bouge plus.
Il y a plus de dix ans maintenant, un reportage
de TF1 avait levé un voile, lourdement retombé depuis, sur l’arrière-boutique
de notre société. Pour ceux que cela intéresse, voici un aperçu précurseur de l’avenir radieux de notre humanité.
Hier soir, nous étions six sur la place d’armes
à témoigner de la Résistance.
Nous étions six et nous avons passé une bonne
soirée.
J’espère que vous passerez la prochaine avec
nous.
J’espère que la flamme continuera de brûler
dans la nuit.
N'ayons pas peur de l'entretenir. Ce n'est pas à nous d'avoir peur. Qui craint Dieu ne craint personne.
Rendez-vous jeudi 20 novembre 2014, 21h, place
d’armes à Metz.
Devant la Cathédrale, face à l’Hôtel de Ville.
Florent
Les Veilleurs de Metz
Bravo à vous! En union de veillée avec vous,
RépondreSupprimerLes Veilleurs de Tréguier
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